READ ME…

Plusieurs lecteurs ont constaté que les articles trop longs ralentissent le chargement de la page aussi afin de palier cet inconvénient, j’ai décidé de mettre seulement le titre en page d’accueil et d’écrire l’article ici.
Comme dans un blog, les articles les plus récents seront en haut de page… Bonne (re)lecture. 🙂

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BOYS ARE BACK IN TOWN

Hier, pour l’acte XVI des Gilets Jaunes à Clermont-Ferrand, pas d’esbroufe, pas de grand déploiement de police, pas de casseurs, donc pas de démasqueurs de scandales pour essayer de faire passer Disneyland pour le Goulag… C’est tellement moins facile de raconter qu’il ne se passe rien.

Pas d’hélicoptère pour me permettre de repérer le groupe à mon arrivée, je cherche fébrilement les cars de police pour essayer de situer les points de passage stratégiques, mais je ne trouve rien, aujourd’hui pas de mesures particulières pour se protéger de la vague jaune qui pourtant sera escortée par un rassemblement de motards.

Sur l’événement facebook, la veille du rassemblement, une centaine de motards s’étaient manifestés  mais il faut dire que pour bien des motards « ça m’intéresse » signifie : s’il fait beau… et aujourd’hui c’est un samedi un peu pluvieux alors ce matin à Gergovie, ils n’étaient pas plus d’une trentaine, finalement ils seront au moins le double à arriver en ville.

La manifestation est déclarée, encadrée par deux ou trois motards de la police, bien organisée, un camion pourvu d’un haut parleur ouvre le cortège, c’est bien, c’est familial … Mais qui va raconter ? A peine quelques lignes dans La Montagne pour louer la sagesse des manifestants qui ont su défiler dans le calme et une pluie de commentaires de lecteurs qui le cul dans leur fauteuil manifestent leur agacement… Pffff !

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HISTOIRE D’UN MENSONGE BIEN ORCHESTRÉ

Par qui et pourquoi, j’aurais bien quelques idées sur la question mais ça pourrait paraître subjectif alors que, justement je veux me montrer d’une totale objectivité…

À Clermont-Ferrand le XV est un nombre qui se décline en jaune et bleu, les couleurs de l’ASM. Ce samedi il sera surtout jaune, c’est le XV° samedi des Gilets Jaunes. Certains les ont tous faits, beaucoup se connaissent à force de se côtoyer dans les manifestations, on se fait des amis en dehors de la machine !  Pour moi, c’est le premier. Je dois avouer que ce mouvement populaire, que les médias malmènent presque depuis ses débuts, était très loin de mes préoccupations.

Et puis, samedi après samedi, les médias en mal de sensationnalisme ont commencé à nous présenter la face la plus sombre de ce mouvement, violence, racisme et antisémitisme…  Je sais depuis toujours que les médias nous mentent, alors je devais aller voir, non pas comme participant actif et forcément subjectif mais comme observateur, témoin.

En ce samedi matin du 23 février, le temps s’est trompé de saison et c’est une belle journée de printemps qui se prépare à accueillir cet acte XV des gilets jaunes. Le rassemblement commence comme un tableau impressionniste, un grand piquenique qui mêle des  gens de tous horizons, des très jeunes, des très vieux, des zonards, des (presque)nantis.  Une ambiance bon-enfant dont les tambours évoqueraient davantage les festivals d’été que ces manifestations de haine et de violence dont on nous rebat les oreilles depuis des semaines dans les médias, si ce n’était la présence des « Street medic » un groupe de soignants bénévoles plutôt bien équipés pour intervenir auprès d’éventuels blessés.

A midi le cortège n’est pas encore prêt à démarrer, aussi nous décidons d’aller faire un tour en centre ville. Là c’est le vide dominical des villes de province (sauf qu’on est samedi), partout les commerces fermés, rideaux de fer tirés comme dans l’attente de l’arrivée d’une horde de barbares. Pourquoi, alors que les précédentes manifestations se sont déroulées sans heurts ? L’explication est pourtant simple, depuis plus d’une semaine, les journaux s’appliquent à détailler les mesures prises pour éviter tout risque de débordements, car cette fois-ci (on l’a aussi annoncé à grand renfort de publications dans les médias) il s’agit d’un rassemblement à grande échelle !

Les bâtiments publics et les stations de tramway ont été protégés par des plaques de bois et de métal, le mobilier urbain et autres horodateurs ont été retirés en nombre. Les grilles de la préfecture ont également été fortifiées. Coût de l’opération : 300.000 euros, selon la mairie de Clermont-Ferrand, qui a engagé une cinquantaine de personnes pour transformer la ville en forteresse. (20 minutes)

Nous trouvons cependant une boulangerie ouverte et c’est en mangeant notre sandwich que nous parcourons les rues désertes ou presque… car déjà les cars de police ont pris position dans la ville, près de l’Hôtel du Département, nous en comptons une douzaine, soit une centaine de policiers encore détendus et souriants. Je m’offre donc le luxe de me faire expliquer le fonctionnement des barrières anti-émeute que l’on peut voir sur les remorques. Nous cherchons une poubelle pour jeter l’emballage de nos sandwich (je sais, c’est mal, j’aurais dû garder le papier pour le SICTOM 😉 ) mais, dans les parages, les poubelles publiques ont toutes été enlevées. À notre grande surprise nous constaterons que ce n’est pas le cas sur la place de Jaude, alors qu’il est évident que cette place sera un des points de rassemblement du cortège !

Place Gaillard, nous trouvons un bistrot ouvert et presque vide, une aubaine pour prendre un café avant de retourner voir où en est notre manifestation (nous prendrons un smoothie mais, dans l’article, ça fait moins pro que le café 😉 ). L’hélicoptère qui tourne au dessus de la ville depuis déjà plusieurs minutes, nous permet de repérer aisément l’endroit vers lequel il nous faut aller.

À partir de là, commence le jeu du chat et de la souris avec la police, bifurquant chaque fois qu’on arrive face aux motards, prenant en riant les rues piétonnes qui leurs sont inaccessibles. C’est dans la descente vers la place de Jaude qu’on peut enfin prendre la mesure de l’ampleur de la manifestation, une marée jaune qui se rassemble paisiblement sous la statue de Vercingétorix, avant de poursuivre vers le Palais de Justice où nous attendent de TRÈS gros effectifs des forces de l’ordre. Le quartier est littéralement bouclé, la vague jaune se brise sur un cordon de police qui interdit tout mouvement vers l’avant et on manque vite de place, le groupe se divise en plusieurs fronts. Ma connaissance du quartier et mon culot (« C’est une journaliste, on la laisse la passer »… je n’ai rien dit moi, mais soit 😉 ) me permettent de naviguer d’un front à l’autre. Partout on se jauge, on se toise… il ne se passe rien, les forces de l’ordre attendent impassibles de recevoir des ordres. On se dit qu’il ne va rien se passer et la tension retombe, la moitié des policiers quitte la formation offrant l’opportunité aux manifestants de rompre le cordon de police d’une simple poussée… Et là, sidérée j’entends un ordre donné calmement sans urgence, on attendait juste ce léger mouvement de foule, « On met les casques  » … quelques échauffourées, jets de canettes contre bombes lacrymo et le gros de la manifestation se disperse.

Et Christophe CASTANER de poster sur twitter :
La violence, toujours.
Les exactions commises en marge des rassemblements de Clermont-Ferrand, Rouen, Montpellier… sont intolérables.
Je salue l’action de nos forces de l’ordre, intervenues avec sang-froid et détermination alors même qu’elles étaient violemment prises à partie.

Euuuh, il a le don d’ubiquité ? Parce qu’on ne peut pas être partout, hein ! Par contre, à Clermont-Ferrand, moi j’y étais et je n’ai vu que des citoyens désireux de faire entendre leurs voix  et leurs revendications dans cet ultime espace de liberté qui s’appelle le droit de manifester.

Et puis j’ai vu les gendarmes attendre qu’on leur donne l’ordre de disperser les manifestants, j’étais à coté d’eux lorsque l’ordre a été donné de mettre les casques et là on commence à gazer sans distinction…

Une fois les manifestants dispersés, la ville est naturellement livrée aux casseurs puisque les autorités ont décidé d’en faire une ville morte !… et ce sont ces images d’affrontements entre des crétins décérébrés et les forces de l’ordre qui feront  les choux gras des médias pour satisfaire la grande majorité muette, le cul dans le fauteuil, avide de sensationnalisme.

 

More pix coming soon… ou pas, on verra quand les pellicules seront développées 🙂